Circulation de l’information en temps réel sur les territoires

illustration : Franck Le Dortz

illustration : Franck Le Dortz

Si la production d’information et sa circulation avec l’avènement du web 2.0 est une réalité bien concrète pour une majorité d’individus, l’accès aux données produites par des agents territoriaux, les capteurs mis en place sur les terrritoires pour y mesurer certains paramètres propres à chaque écosystème urbain peuvent rester stockés dans les systèmes d’informations et ne jamais circuler sur le web. Plusieurs raison à cela :
la première est d’ordre culturel ; des administrations et des entreprises considèrent leurs informations comme confidentielles. Puis entre la production et sa mise à disposition, il faut à juste titre la vérifier, ce qui implique un temps de latence entre ces deux opérations. Un dernier frein, et non des moindres, est la présentation de l’information, en effet celle-ci ne peut être diffusée sans un minimum de mise en forme.
Les problèmes techniques de la circulation de l’information étant presque résolus, une limite dans les transmissions et donc dans la coordination de l’information est apparue comme le souligne Paul Virilio «Le tempslumière (ou si l’on préfère, le temps de la vitesse de la lumière) servant désormais d’étalon absolu à l’action immédiate». L’enjeu majeur des prochaines années est bien la mise en forme des données et leur visibilité.
Produire des données sans extraire le bruit informationnel ne permet pas une réception cognitive en temps réel par les individus. Il s’agit de représenter des données de façon plus visuelle pour une aide à la décision plus rapide des individus sur le territoire. Donc une information lisible et accessible partout en temps réel est aujourd’hui possible avec la multiplication des écrans (smartphone, tablette tactile) et les applications de réalité augmentée propres à superposer des informations à une réalité géographique. Quelques outils existent pour valoriser des données comme Tableau Public ou Pictearth qui permettent de faire des graphiques interactifs avec des filtres à partir de n’importe quelle base de données. Des projets de nature plus expérimentaux voient le jour, portés par des artistes comme le studio de désign Stamen design avec Cabspotting ou le site infosthetics.com qui présentent divers projets allant dans ce sens. Il s’agit dans tous ces projets d’intégrer la dimension temporelle des informations et de la replacer dans un contexte local, la bonne information au bon moment et personnalisable avec une multitude de filtres.
La multiplication des données, qu’elles soient personnelles, commerciales, institutionnelles, doivent se recouper pour répondre aux usages des habitants d’un territoire, et ce, de manière le plus décloisonné possible.
En effet, les enjeux d’aménagement, des transports, du commerce et des services peuvent trouver à terme une réponse dans ce que le sociologue Bruno Marzloff nomme le concept de «suite servicielle». Dans un espace urbain de plus en plus complexe, il faut offrir des services pour répondre aux besoins et usages émergents, dans un esprit de continuité d’accès à ces services, quels que soient le lieu, le moment ou le canal. Le double problème ici réside dans la capacité à agréger et articuler des acteurs différents (individus, entreprise, collectivité) et de penser ces services en termes d’usage accessible à tous. La place de l’homme dans cette espace hyperconnecté v-a t’elle réellement favoriser une proximité physiconumérique et ainsi créer un continuum relationnel. Déjà, certains s’en inquiètent : «c’est ce que réalisent les télétechnologies du temps réel : elle tuent le temps présent en l’isolant de son ici et maintenant, au profit d’un ailleurs commutatif qui n’est plus celui de notre présence concrète au monde, mais celui d’une téléprésence discrète dont l’énigme reste entière».

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